dimanche 5 mars 2017

Je hais

Je déteste les "gens". Je ne supporte pas les "gens". Je hais les "gens".
Leur vie m'agresse.
Je hais les architectes. Je hais les promoteurs. Je hais les constructeurs.
Je hais les immeubles, je hais les cloisons.

Déambulation de pas lourds qui résonnent et martèlent, talons militaires sourdement plantés dans le sol, scandant la vanité d'une démarche franche et déterminée à... à rien. Juste aller d'une pièce à l'autre, de la cuisine aux chiottes.
Faites donc menu, quand tout ceci ce n'est que reflet d'une existence de cancrelat.

Je hais vous entendre rire quand je voudrais pleurer, crier quand je je me nourrissais d'une parenthèse de silence, hurler votre douleur quand je riais, ou jouir quand ma solitude me tenait chaud.
Je hais votre porte qui claque, votre sonnette qui teinte, votre télé qui beugle, votre radio qui geint, votre chasse d'eau qui fuit.

Je hais partager votre vie qui m'indiffère.

Je hais vos enfants qui crient, vos chiens qui aboient, vos chats qui pissent et puent, le facteur qui me confie vos colis, le représentant à qui vous avez ouvert et que je refoule méchamment, les pompiers, les éboueurs et le concierge pour les étrennes.

Je hais la promiscuité, l’agglomération de nos vie, de nos existences. Je hais qu'on puisse nous assimiler. Je hais perdre mon identité, mon entité. Je hais pouvoir de loin vous ressembler.

Je hais ce pour quoi on a voulu nous rassembler, nous conglomérer, nous agglutiner.

Je hais les "gens" quand d'eux je ne partage qu'un quotidien fadasse et salace, des échos de vie amortis, des relents de bouffe et des poubelles.

Je hais les "gens"....



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