jeudi 4 février 2016

Le vieux singe

C'est l'histoire d'un vieux singe, à qui l'on n'apprenait pas à faire la grimace.
Si bien qu'il pouvait vous mimer toutes les émotions, les sentiments que vous espériez, pour que vous y croyiez, y plongiez, vous y noyiez.

Un vieux singe qui sautait de branche en branche, allègrement, sans le moindre signe de fatigue ou de difficulté, quoique parfois il aimait à le faire croire, crispant la mâchoire, serrant les dents sous un semblant de douleur, laissant tristement tomber la paupière, renforçant alors votre mansuétude, votre tendresse envers lui, si fier et combattif, intelligent, imaginatif et brillant, que vous ne pouviez faire autrement que de l'admirer.

Une faiblesse, une fragilité qui vous gonflait d’orgueil à  croire qu'il avait besoin de vos attentions, de vos encouragements, de votre présence chaleureuse et accorte, de vos attentions à son égard, quand il ne faisait que s'en nourrir pour regagner les forces qu'il perdait à faire le beau.

Un vieux singe assez malin pour savoir qu'il existait par le regard que vous portiez sur lui, prêt à tout pour le conserver, le provoquer, l'exalter. Mais assez pervers aussi, pour vous donner dans cette pantomime un rôle qui vous laissait à penser que vous y aviez une part, vous mettait en valeur, vous faisait briller à son côté.

Un vieux singe, qui s'accrochait donc à votre branche, le temps de reprendre quelque forces, de tester votre résistance, de pomper votre sève, de s'en nourrir, jusqu'à sauter sur la prochaine.

Un vieux singe opportuniste, qui dans cette jungle traçait sa route, toujours aimé et soutenu, quand bien même il laissait derrière lui  nuée de branches cassées, mais qui par la grâce de la nature, ne tardaient pas à bourgeonner et fleurir à nouveau.

Pour E.L
Qui m'aura appris de la nature ("humano-simiesque") et de ses priorités.