jeudi 15 janvier 2015

Réveil

Le visage léché par le premier rayon du soleil, qui vient lui chatouiller le visage, elle bât des cils, fronce le nez, grommelle un peu, s'enfonce plus profondément dans l'oreiller, tentant d'échapper encore un instant au supplice du réveil. Faisant passer la couette par dessus sa tête, elle se niche dans le douillet cocon qui la préservera encore un temps du monde extérieur. Sa main s'aventure de l'autre côté du lit , doigts tâtonnants, et inquiète tout à coup de le trouver vide et froid, c'est d'un bond qu'elle émerge de son univers ouaté. Un bref coup d'œil lui suffit à confirmer son impression, et le geste qu'elle ébauche pour rejeter ses cheveux en arrière, comme pour y mieux voir, ne parvient en rien à démentir la cruelle absence.

La mine boudeuse, elle se rejette avec humeur dans les épaisseurs de plumes, le regard étincelant d'un brin de colère, de dépit, mais plus encore de déception. Lui revient en mémoire le souvenir de la cérémonie de la veille, et avec lui la légère ivresse qui n'a cessé de l'accompagner tout au long des festivités. Bien vite, un large sourire, à vrai dire un peu niais, éclaire à nouveau ses traits.

Saisissant prestement l'oreiller abandonné à son côté, elle y plonge le museau, inspirant à petits coups, tel un animal flairant une piste, à la recherche d'un vestige de son odeur. Collé serré contre son corps encore tiède du sommeil, les jambes l'enserrant de part et d'autre, le contact du tissu frais réveille ses sens toujours engourdis, hérissant quelques poils, tendant une pointe de sein avide des caresses dont elle se sent privée ce matin. La tentation est grande, de laisser croître le désir qu'elle sent papillonner, voleter là, tout au creux de son ventre, de donner corps à cette pulsation qui bat en ce point précis, niché dans le delta de ses cuisses.

Sans y réfléchir, sa main s'engage alors, légère et aérienne, frôlant l'épiderme, lentes circonvolutions n'atteignant jamais tout à fait leur but, évitant d'agacer trop vite et trop fort les endroits qu'il sait. En un lent pèlerinage, elle retrace du bout des doigts le parcours qu'il aime à emprunter, paupières fermement closes, bouche entr'ouverte, lèvres humides et gonflées. Le dos s'arque, le ventre se creuse dans le même temps que les fesses s'enfoncent avec plus de force, corps librement ouvert et offert, tout entier tourné vers les délices qu'elle se procure. Progressivement, la caresse se fait plus précise, plus intense, profonde et voluptueuse, s'enhardissant jusqu'à pénétrer l'étau soyeux des chairs, qu'elle explore sans relâche, provoquant de doux râles qui fusent comme un appel.

Cambrée, tendue sur la couche, elle poursuit sa quête, découvrant à chaque avancée une sensation, une excitation nouvelle, renforcée par l'image gravée derrière ses paupières du visage aimé, de la brûlure de ses yeux posés sur elle, quand en chef d'orchestre exalté, il fait vibrer, résonner et psalmodier chacune des fibres de son corps.

Derniers accords de cette symphonie solitaire, qui la laisse pantelante, haletante, pour un temps assouvie, lascivement étendue, bras en croix au cœur de cette couche qu'elle occupe pour deux, visage serein, et sourire en coin. Une douce torpeur de nouveau l'envahit, à laquelle, sans honte et sans pudeur elle se laisse aller, reposant en travers de ce lit, qui même éloignés les aura réunis.


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