Rébellion...
Le vocable hurle et résonne dans sa
tête, la vrille de son écho, heurte chacune des fibres de son être,
de son âme, monte dans sa gorge comme un cri qui l'étouffe,
désespoir muet et meurtrier, quand tout autour d'elle, n'est que
circonspection, abandon, machination.
Les murs autour d'elle se resserrent et
l'oppressent, contre lesquels elle tape et frappe sans relâche,
laissant sur chacun d'eux l'empreinte meurtrie de ses mains, une part
de sa liberté qui se délite et se liquéfie dans le sang qu'elle y
imprime, marque illusoire et dérisoire. Hiéroglyphes modernes,
témoins d'un passé déjà enfui.
Sa bouche s'acharne à articuler des
mots sourds, que des oreilles obstruées ne prendront ni la peine
d'écouter ni d'entendre. Formatage et aliénation, dogme et
religion, dictature et imposture, consensus et motus...
Parce qu'il faut plaire, et se taire.
Parce que le monde est fait de mots,
quand seuls les actes devraient parler.
Et la rage bouillonne et fulmine,
gonfle et culmine. Le vent violent de la révolte prend son essor et
dans un sursaut désespéré, assaille des barricades qui laissent
place à d'autres barricades, à peine sont elles franchies.
Immolation et tortures, répression et prison.
Elle s'assoit, courbe l'échine, tête
inclinée vers le sol, vaincue semble t-il, entraînée par le poids
des regrets, des illusions perdues, encore, du dégoût. Les larmes
perlent, qu'elle essuie, poings fermement serrés, laissant une
traînée de khôl rageur barrer sa joue. Mais c'est les mâchoires
crispées et le regard droit et fier qu'elle se redresse finalement,
se campe et lève le poing vers le ciel. Rageuse supplique, vers cet
éternel dont elle doute elle-même, ultime appel.
Un rire sourd s'empare d'elle, la
secoue, glacial et cruel qui n'atteint pas les yeux, juste une
grimace étirant ses lèvres, simulacre de joie. Il déferle,
explosif, finalement libérateur. D'octave en octave, déployant sa
gamme, harmonie primaire et sauvage, et c'est à l'unisson de son âme
qu'il s'envole, par dessus les préjugés, les clivages, les
injustices et les privations. Libre, vrai, vivant, vibrant.
Parce qu'il est un temps où la vérité
se révèle, éclate et foudroie. Parce que le printemps triomphe et
qu'il porte avec lui le parfum du jasmin.
Mektoub
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